24 heures à Phnom Phen

De bon matin nous sommes partis pour nous rendre à 6.45am à la station de bus afin de se rendre à la capitale : Phnom Penh.

En plus d’être le point de départ avec un grand choix de compagnie de bus pour le Vietnam, nous avions envie d’en savoir un peu plus sur l’histoire du peuple cambodgien. En particulier sur le génocide commis par les Khmers rouges sous le régime de Pol Poit.

Mais avant tout, on a pris le bus avec un départ assez cocasse! En effet, on nous a fait attendre dans la cour d’une maison… Nous, on croyait que ça servait un peu de garage pour réparer les bus...En tout cas pour le bus en question qui n’avait pas l’air d’être prêt à partir…

La roue avant droite inexistante, on a été bien surpris quand on nous a dit de mettre nos affaires dans ce même bus !! Deux options : soit on partait à l’heure mais avec une roue en moins. Soit, plus probable, on allait encore partir en retard sur l’heure supposée de départ.

Pas de panique pour la compagnie de bus… ça non… La roue est arrivée en roulant, poussée par des collègues. Puis, bricolage en direct… Allez c'est partiiiii !!

 Le trajet s’est très bien déroulé! On a un peu dormi...

... et surtout on a bien rigolé en regardant des épisodes de Big Bang Theory et du coup on est vite arrivé. La circulation bien dense en parvenant dans la capitale a un peu cassé les prévisions de la compagnie quant à l’heure d’arrivée mais honnêtement, on ne se fait plus d’illusions :) Et puis ce n’est pas bien grave, on avait encore toute la journée.

Ce qui a été une bonne surprise c’est que le bus nous a déposé à quelques centaines de mètres de notre GuestHouse. Afin de ne pas perdre de temps, cette fois-ci, nous avions regardé deux trois adresses ! Direction la Spring GuestHouse qui, pour un prix très modeste, nous a offert une petite chambre double avec ventilo quasiment tout en haut de l’immeuble… On est arrivé en sueur !

Nous avons ensuite découvert une super adresse pour manger : chez Mama…

Les patrons ont appris à cuisiner en métropole et il faut dire que leurs plats et portions étaient vraiment délicieux et en plus copieux !

Le début de l’après-midi commençait et nous étions à quelques rues de la visite qu’on ne voulait pas manquer. Le TUOLSLENG GENOCIDE MUSEUM, connu tragiquement sous le nom de Camp S-21.

Cet ancien lycée est en effet devenu, d’avril 1975 à janvier 1979, la prison la plus terrifiante du Cambodge des Khmers rouges. Ce n’est d’ailleurs pas le seul endroit où ils ont commis leurs atrocités mais il a été transformé en mémorial.

Des milliers de personnes y ont subis les pires tortures avant d’être achevées dans le camp d’extermination de Choeung Ek.

On pense qu’il est important de donner juste un bref aperçu historique du Génocide réalisé par les Khmers rouges envers leur propre peuple.

Le 17 avril 1975, suite à divers épisodes douloureux de guerre d’indépendance, puis invasions etc, ce sont les Khmers rouges qui sont les maîtres de la capitale et prennent position des points stratégiques de la ville. Puis, sous prétexte de bombardements américains imminents, ils ont procédé à l’évacuation TOTALE (personnes âgées, malades des hôpitaux compris) de Phnom Penh : soit 2,5 millions d’habitants et réfugiés qui ont été déportés de force vers les campagnes. La capitale devient une ville fantôme et l’exode coûte la vie à environ 400.000 personnes. Dans la foulée, toutes les villes du Cambodge ont été évacuées et on a ordonné à la population de gagner les rizières pour se mettre au travail afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire du « Kampuchéa démocratique », nouvelle appellation du pays.

Les Khmers rouges ont profité de la déportation massive pour trier la population en trois catégories : 1- Les fonctionnaires et intellectuels (il suffisait de porter des lunettes, de connaître une langue étrangère, de posséder un stylo ou même d’avoir un embonpoint-signe d’aisance) étaient considérés comme suspects et tués ou torturés dans des endroits comme l’ancien lycée que nous avons visité. 2-Les militaires étaient exécutés. 3- Le reste, appelé « peuple » était prié de rejoindre son village natal, de se plier aux ordres dans des conditions de travail draconiennes avec des repas limités au maximum.

Progressivement, toute la société cambodgienne a été réorganisée sur le modèle d’une armée où seuls les soldats révolutionnaires pouvaient obtenir des privilèges. L’organisation suprême des Khmers rouges régissait tout : les gens doivent changer de nom, le salut avec les mains est banni, les mariages sont conclus au hasard entre jeunes filles et jeunes garçons dans le cadre de grandes cérémonies (plus de 600 personnes pouvant être unies en une seule fois et un total de 250 000 cambodgiens inconnus les uns des autres ont été mariés), les bonzes sont persécutés, les chrétiens accusés de travailler pour la CIA, la communauté musulmane presque entièrement massacrée, les pagodes sont devenues des greniers à riz et les mosquées des porcheries, les hôpitaux de ville interdits d’accès, les médicaments réservés aux combattants, les médecins traqués pour cause d’appartenance à la bourgeoisie, critiquer le système était sanctionné par la mort. « Il vaut mieux tuer un innocent que de garder un ennemis » disaient alors les bourreaux et pour économiser les cartouches, les crânes étaient fracassés à coups de pioche. Environ 2millions de morts…

4 dirigeants Khmers rouges concentraient à eux seuls tout le pouvoir, l’un pouvant avoir jusqu’à 10 ministères sous son contrôle, et Pol Pot ; le plus connus. Il était admirateur de Marx, Staline et Hitler et il appliquera sur le peuple cambodgien un génocide (à l’encontre de son propre peuple et proportionnellement plus important que celui des nazis).

Voilà le contexte dans lequel nous a placé la visite de ce camp dont seulement sept prisonniers furent retrouvés vivants. Ci-dessous, la photo du règlement imposé aux prisonniers.

Dans l’ancienne cour de récréation, il y a une potence et à ses pieds des jarres qui étaient remplies d’eau et servaient à réanimer les prisonniers pendus par les pieds afin de prolonger le supplice.

4 bâtiments qui avaient chacun leur fonction… Le Bâtiment A par exemple servait pour les interrogatoires (tortures) avec dans chaque pièce un lit métallique branché sur électricité sur lequel étaient attachés les prisonniers. La boite métallique est une boîte de munition qui servait de pot de chambre.

Le bâtiment C est rempli de minuscules cellules individuelles, construites à la hâte avec des briques ou du bois, toutes oppressantes. Des barbelés sur les balcons servaient à empêcher les suicides.

On a ensuite continué vers les Bâtiment D où l’on a pu apercevoir les peintures réalisées par l’un des survivants et retraçant différentes scènes de leur tragique quotidien. On avait fait en sorte d’être présents dans le musée pour 15h car deux fois par jour, il est possible d’assister à une projection vidéo avec des témoignages et analyses au sujet de la période Khmers rouges.

En partant, nous avons croisé deux des sept prisonniers qui ont survécu dont celui qui a rélisé toutes les peintures. Malheureusement, ne parlant pas anglais, on n'a pas eu la possibilité d'échanger avec eux.

 Après le musée, nous ne savions toujours pas combien de temps nous allions rester dans la capitale. Initialement on s’était dit deux jours mais au final, on a décidé d’enchaîner rapidement avec le Vietnam. Mais pas avant de faire un bon tour dans Phnom Penh!

On a commencé par aller en direction du monument de l’indépendance...

...situé en plein milieu d’un rond-point bien fréquenté… D’ailleurs, chose que l’on avait remarquée dès notre arrivée, il n’y a pas de passages pour les piétons! En tout cas, on n’en aura pas vu ! Et du coup, ça n’a pas toujours été évident de forcer le passage car les voitures ou scooters ne s’arrêtent pas :)

Puis, du quartier de l’Indépendance, nous sommes passés au quartier du Quai Sisowath et du palais royal.

Après une nouvelle rue bien encombrée qu’il a fallu traverser en s’imposant...

... on s’est rapproché de la rivière Tonle Sap au moment où la journée commençait à terminer.

L’atmosphère devenant moins étouffante, la vie est très animée sur les quais...

...depuis lesquels il est possible d’entre-apercevoir le Palais Royal au loin...

...avec pas mal de cambodgiens pratiquant plein d’activités différentes (terrain de bad’ installés, zumba en plein air, foot, volley) et même un nouveau sport qu’on a découvert… C’est assez marrant à voir en tout cas!

 On a poursuivi jusqu’à la compagnie de bus Mékong Express afin de réserver un trajet pour le lendemain matin de bonne heure ! Sur le chemin du retour, on a rapidement traversé le Night Market, on a pris un tuk-tuk afin de rentrer plus rapidement dans notre GuestHouse et…. Charmés par notre restaurant du midi « Chez Mama », on a décidé de renouveler l’expérience :) Une coupure de courant dans tout le quartier nous aura fait terminer le repas dans l’obscurité…. C’est courant apparemment :)

Dernière nuit au Cambodge et puis…. Direction Ho Chi Minh Ville pour le lendemain matin.